Un livre révèle les secrets du reportage de «Closer» qui a élevé les journalistes people au rang de «paparazzis politiques».
Il y a un avant et un après. La révélation, le 10 janvier, par le magazine « Closer », de la liaison non encore confirmée de François Hollande et de la comédienne Julie Gayet a fait bouger les lignes en matière de droit de la presse et de protection de la vie privée, notamment celle de ceux qui nous gouvernent.
Un ouvrage d’autant mieux documenté que l’auteur, Laurence Pieau, est la directrice de la rédaction de « Closer » donne l’occasion de replacer la presse people dans l’univers impitoyable du showbiz, de la politique et des stars. L’occasion aussi de mesurer le phénomène nouveau en France , l’impact désormais incontournable de cette presse si décriée sur les hommes et les femmes politiques et sur leur cote de popularité.
« Scoop Story » lève le voile sur cet événement choc qui, en raison des protagonistes et surtout du fameux cliché du président portant un casque de scooter, a pris immédiatement une dimension nationale. L’ouvrage retrace, étape par étape, la fabrication de ce scoop.
De la planque des photo reporters, à la décision de publier les images prises par le groupe Mondadori, propriétaire de « Closer », à l’après-vente (médiatique, juridique, déontologique), tout est détaillé. Le livre évoque aussi les précautions prises pour protéger le secret de ce scoop jusqu’à la sortie du magazine.
« Éventer ce sujet de couverture, c’est s’exposer peut-être à des pressions, à des poursuites avant impression, à une procédure en référé, à une bataille judiciaire. C’est aussi voir le coup nous échapper en partie, fuiter sur le Net … », explique Laurence Pieau. La seule solution fut de monter une deuxième couverture…
Ce livre offre une plongée salutaire dans l’univers de ce média si souvent vilipendé par les confrères et qui montre, à ceux qui en doutent, que, même dans ce qu’on appelait il y a peu encore, la presse à scandale, tout ou presque est pesé et soupesé avant d’être publié. Et ce, selon l’auteur, en toute indépendance.
A la question que se posent tous les journalistes « Avez-vous sollicité une autorisation ou un assentiment de l’Élysée ? », la directrice de la rédaction du magazine répond catégoriquement : « Non, évidemment. François Hollande n’a pas été prévenu parce que nous ne prévenons jamais personne. C’est la règle. Elle vaut pour tout le monde. »
Déontologie oblige, mais aussi simple précaution. « Si nous appelions la personne concernée avant parution, nous nous exposerions immanquablement à une mise en demeure d’avocat pour nous interdire de publier. » Et d’ajouter : « Cette personne nous menacerait. Parce que nous sommes la presse people. Et parce qu’avec cette presse-là on peut tout se permettre. »
Depuis, « Closer » est comme l’écrit le quotidien « le Monde » , « le magazine qui a généralisé le paparazzi politique ». François Hollande n’a finalement pas attaqué. Mais il a été le seul à avoir demandé le retrait des kiosques du magazine. En vain.
« Scoop Story », de Laurence Pieau, Ed. First Document
